Le projet Vénus mis en place par le Centre d'Art Spacejunk
aide à la prévention du cancer du sein par l'action artistique.

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Le masque fragile

« Le masque fragile» raconte l’histoire d’une femme qui provoque du regard et interpelle le ressenti du spectateur. Le petit théâtre de la vie qui parle de désir et de fêlure.  
Acrylique sur toile - 50 x 70cm.

Le Bain de Gabrielle d’Estrées.
A gauche la duchesse de Villars, Julienne d'Estrées, pince le téton de sa sœur Gabrielle.
La "belle Gabrielle" est la favorite du roi Henri IV depuis 1591 et elle attend un premier enfant de lui.
Tableau d'un auteur inconnu de l'École de Fontainebleau, peint autour de 1594.
Cette huile sur panneau de chêne est conservée depuis 1937 au musée du Louvre.

Construction de la peinture

Le trouble du geste délicat qui suggère la maternité et l’amant.

Les yeux fixent le spectateur, impassibles et détachés du masque et du geste.

Le corps miroir est coupé en dualité.

Le rire est le masque fragile de la protection.

Le masque fragile raconte l’histoire d’une femme qui envoie un message sur la féminité et la maternité. Le petit théâtre de la vie qui parle de désir et de fêlure.

J’ai voulu jouer d’intentions en m’inscrivant dans une complicité avec cet anonyme peintre de la Renaissance qui a créé une œuvre pleine de messages.
Un clin d’œil calculé qui offre des échos similaires aujourd’hui avec le sujet Vénus et ma démarche artistique.

Ce qui a du sens m'anime pour ma création. Comme dans mon travail sur les hétéronymes et les masques, le choix de l’image figurative fait appel aux codes, à la poésie et à l’émotion individuelle qui donne à parler de quelque chose qu’on ne voit pas, d’immatériel, qui existe dans les mondes flottants et qui touche les humeurs et les affects du spectateur.

Fernando Pessoa écrivait « … Le vrai masque ne sent rien en deçà du masque,
Mais regarde à travers le masque avec des yeux masqués... »

Ici c’est la provocation du regard et du ressenti du spectateur qui est questionné, par le rendu figuré du désir, de la beauté, de la sensualité en opposition au masque qui crie un rire et un geste qui s’arrache d’un corps lézardé.

Le tableau se présente comme une scène de théâtre. Les rideaux rouges s'écartent et les deux femmes apparaissent avec un naturel évident dans le plus simple appareil. Elles sont nues et elles sont belles. Elles se savent regardées et n'en éprouvent aucune gêne. Leur regard est fixement tourné vers le spectateur qui s’invite dans l’intimité du propos. Ces corps sont beaux et désirables.
Les boutons de roses, tétons rouges de passion comme des bonbons, rappellent la fragilité de parfums éthérés.

Deux doigts délicats pinçant le sein du bout de l’espièglerie opposent la séduction sollicitée à la violence du geste de la main invisible qui arrache la tête au regard pénétrant.

De la pointe du sein comme la pointe du cœur du sujet, le tableau se construit en rondeurs et en lignes de fuite. Ce mamelon est le départ d’une intensification du sens qui décale les histoires dans un découpage graphique qui perturbe l’affect.

La peinture, composée de deux parties verticales et symétriques, bleue et rose, est disruptée par le masque du visage qui rit qui devient l’élément mobile de la construction. Ce masque est la photographie du visage du modèle.

Ce déplacement pivotant est accentué par la ronde des roses et l’œil fixe et perçant.

Le masque et la personne ne font-ils qu’un ?

« Combien de masques portons-nous, et de masques sous le masque, sur la figure de notre âme … » (Fernando Pessoa).

Le spectateur est invité à prendre des chemins de lectures qui font échos à ses propres ressentis face à la présentation de la forme plastique et du sujet proposé.

L’intention artistique est de générer un lien du domaine atmosphérique, énigmatique, flottant, émotionnel, sensoriel, intime, nostalgique, rêvé, climatique, intense, perturbateur, lyrique, aérien…